Comité technique extraordinaire du 26 février : enfin une prise de conscience ! Mais après ?

Nous avons été convoqué.e.s il y a quelques jours pour participer à un Comité technique extraordinaire, qui portait bien son nom puisque la présence du Président était annoncée. Pour mémoire, Alain Rousset avait jusque là participé à 2 comités techniques au cours des 10 dernières années.

Ordre du jour :

  • Création de la délégation de la transformation, du pilotage et de la modernisation
  • Présentation des 15 chantiers opérationnels 2018
  • Suppression de poste de collaborateur de groupe

Nous mettons à votre disposition la présentation qui nous a été fait des deux premiers sujets.

Présentation du Président

Le Président nous a expliqué qu’il était bien conscient du chambardement** provoqué par la création de la nouvelle Région et de la longueur du temps écoulé. Il souhaite que la Délégation créée à l’occasion de ce Comité technique mette de « l’huile dans les rouages » pour bâtir l’administration de demain qui devra être plus réactive et moins hiérarchisée. Il nous a également fait part de sa mobilisation sur les recrutements, des difficultés techniques posées par l’harmonisation des outils informatiques, son attachement à la formation et sa volonté de lancer une réflexion sur la présence des services de la Région sur le territoire. Il a devancé nos première remarques en niant que les transfert de postes prévus pour la création de la Délégation se traduise par une perte de moyens pour les directions existantes qui, dit-il, ont été considérablement renforcées auparavant.

Déclarations des représentant.e.s du personnel

Tou.te.s les représentant.e.s des personnel qui se sont exprimé.e.s par la suite ont insisté sur :

  • la lenteur et le retard : les questions d’harmonisation auraient dû faire l’objet d’une plus grande préoccupation il y a deux ans, entre temps les tâtonnements, les erreurs et les dysfonctionnement ont usé bien des collègues ;
  • l’insuffisance d’une organisation nouvelle au vu des enjeux : le fait de mettre en place une organisation pour faciliter l’harmonisation ne répare pas tout, il manque la reconnaissance de notre travail quotidien, y compris la reconnaissance du nombre d’heures de travail réalisées, nié par l’autorité territoriale ;
  • l’inquiétude suscitée par les transferts de poste, notamment en provenance de la DRH, ainsi que les transferts plus diffus : puisque le Président ne souhaite pas de de créations de postes nettes, chaque poste créé pour cette délégation donnera lieu à une absence de remplacement ailleurs.

Pour l’UNSA, nous avons également fait état* de deux préoccupations majeures que cette discussion réveille.

La gouvernance de la Région

Lors du Comité technique du 24 mars 2016 au cours duquel nous avons examiné pour la première fois l’organisation de la Région, au niveau des Pôles, l’UNSA avait fait le choix, aidée par plusieurs collègues de différents pôles, de présenter un organigramme alternatif, dans lequel nous proposions la constitution d’une structure regroupant l’inspection générale des services, le contrôle de gestion, les audits et l’harmonisation. Malgré les fortes réticences du Directeur général des services, le Président avait arbitré à l’occasion de la deuxième séance sur ce thème, en avril. C’est absolument la seule revendication sur laquelle nous avons été entendu.e.s. Cependant, la structure créée ne recouvre que le champ de l’Inspection générale des services. Il aura fallu deux ans pour que les représentant.e.s de la Collectivité arrivent aux mêmes conclusions que nous. Pourquoi ? Nous ne sommes pas plus intelligent.e.s, nous raisonnons juste différemment. D’abord nous avons cherché à savoir ce que les collègues concerné.e.s faisaient concrètement, nous avons réfléchi aux dysfonctionnements connus à Bordeaux (puisque la Collectivité a décidé de prendre cette situation pour modèle) et nous avons proposé un organigramme qui nous paraissait permettre à tou.te.s les collègues des sièges de produire un service public de qualité. Manifestement, ce n’est pas ce que nos interlocuteurs ont fait. Et nous ne pensons pas non plus que leur proposition est le résultat du travail du cabinet de consultant.e.s mandaté en 2015. Malgré nos demandes répétées et les assurances qu’il nous serait transmis nous ne disposons toujours pas de ce rapport, mais au point où nous en sommes nous n’avons plus assez confiance pour accorder le bénéfice du doute.

Au-delà, le Président, en rappelant encore une fois sa volonté de limiter le nombre de niveaux hiérarchiques, nous donné l’occasion de pointer un nouvel exemple étonnant. En effet, nous n’avons eu de cesse, depuis deux ans, de dénoncer la multiplication, à l’occasion de la fusion, des niveaux hiérarchiques. Les représentant.e.s de la Collectivité n’ont eu de cesse de rejeter toutes nos alertes, tous nos arguments et toutes nos inquiétudes. Le Président n’a eu de cesse de nous adresser des courriers pour nous informer qu’il passait outre nos avis défavorables. Bien sûr, nos critiques ne portaient pas seulement sur ce point, mais celles qui le faisaient ont été ignorées comme les autres. Comment cela est-il possible ? Des organigrammes qui bafouent de manière indéniable la volonté du Président et les préconisations des représentant.e.s du personnel sont pourtant bien entrés en vigueur. Nous sommes obligé.e.s de nous poser des questions sur le fonctionnement de cette Collectivité au plus haut niveau.

Le dialogue social

Les exemples que nous venons de citer montrent bien à quel point la parole des représentant.e.s du personnel est illégitime et inintéressante aux yeux, d’une partie au moins, des représentant.e.s de la Collectivité. Aucun des chantiers proposés ne vise à améliorer le dialogue social. Il est bien question de « groupes d’agents » mais cela ne peut se substituer au dialogue social. Ces groupes sont bien sûr utiles pour échanger sur les contraintes spécifiques de certains métiers, pour travailler sur des processus etc., même si les groupes existants ne semblent pas encore avoir eu l’occasion de voir leurs préconisations se concrétiser. Cependant pour toutes les réflexions globales, pour relayer les réalités quotidiennes des agent.e.s, il existe un partenaire légitime : les représentant.e.s du personnel. Manifestement, les représentant.e.s de la Collectivité n’ont pas d’intention réelle d’améliorer le dialogue social. Dont acte.

En résumé, quand nous nous exprimons en groupe de travail nous ne sommes pas entendu.e.s. Nos avis défavorables en Comité technique ne sont pas pris en compte. Et quand nous nous mettons en grève, nous nous retrouvons face au CRS (mention qui a fait ricaner le Président en séance).

Il est temps que cesse cette mascarade, il faut que le Président arrête de parler d’un dialogue social qu’il ne supporte pas dans la réalité.

Résumé des échanges suivants

Le Président nous a reproché de présenter une vision catastrophiste** qui ne correspond pas du tout à ce que lui disent les agent.e.s. Mais bien sûr, il est évident que tou.te.s les agent.e.s osent exprimer ouvertement ce qu’ils et elles vivent au Président. Ceux et celles qui l’ont déjà fait, ont osé le faire en ont pour la plupart gardé un souvenir cuisant.

Il nous a rappelé la forte contrainte budgétaire dans laquelle nous sommes, qui l’obligerait à supprimer des postes d’animateurs et animatrices culturel.le.s, qui l’empêcherait d’agir différemment sur le temps de travail ou ailleurs. Nous avons démontré ailleurs à quel point cette contrainte varie selon les sujets : très forte pour la masse des agent.e.s, vite oubliée pour quelques un.e.s.

Le Président nous a tout de même accordé que « le boulot est fait »** mais en nuançant immédiatement pour dire qu’il observait les heures de départ le soir et qu’il n’y avait pas de travail forcé. Est-il aussi sur le quai de la gare de Bordeaux à 7h pour voir ceux et celles qui partent à Poitiers ? Dans le parking de la Maison de la Région de Limoges pour observer les collègues qui ramènent les voitures après 20h après une longue journée à Bordeaux et sur la route ? Est-il sur le quai de la gare de Poitiers pour saluer le retour des collègues ? Est-il dans les étages à Bordeaux pour tester avec nous ces fabuleuses lampes à détection de mouvements quand le jour est tombé depuis longtemps ? Est-il à 5 heures dans les coursives plus ou moins éclairées d’un lycée, ou portant un seau d’eau dans un escalier en bois glissant ? Est-il à 21h, 22h ou au-delà pour voir qui nettoie la cuisine et qui ferme les portes et portails après un pot organisé pour les entrepreneurs du coin susceptibles de prendre des jeunes en stage ? Bien sûr, non. Il se contente encore une fois de ses préjugés pour analyser la situation.

Les représentant.e.s UNSA lui ont rappelé qu’au-delà du nombre de niveaux hiérarchiques, il fallait également réfléchir à l’intervention des un.e.s et des autres dans tous les processus : 5 visas sont-ils systématiquement indispensables pour tout courrier signé par le Président ? La réponse : oui, parce que cela permet que tout le monde soit informé de tout. Ok, nous sommes en 2018, avec de plus en plus de réflexions sur la surcharge informationnelle qui nuit à notre efficacité professionnelle, avec des tas d’outils numériques… et la Région Nouvelle-Aquitaine en reste à ses lourds parapheurs et à des échanges de centaines de milliers de mails pour que surtout personne ne puisse reprocher à qui ce soit de n’avoir pas communiqué toutes les informations sur tous les dossiers. Chers et chères collègues, vous n’avez pas fini de lire des mails par dizaine, plus ou moins en lien avec vos missions, en compagnie de dizaines d’autres personnes figurant comme vous en copie au cas où… Chers et chères collègues, après avoir passé avec succès des procédures de recrutement exigeantes (enfin, en général), vous continuerez donc à ne pas bénéficier de la moindre confiance ni de la moindre autonomie.

Pierre Chéret a reconnu qu’il était tard pour constituer cette délégation et lancer ces chantiers, mais « il n’est jamais trop tard pour bien faire »**. Il considère que cette proposition constitue la formalisation de beaucoup de nos apports des dernières années. Il a également rappelé la nécessité de responsabiliser toute la chaîne hiérarchique, en donnant aux manager.euse.s les moyens d’assumer, pour que l’administration fonctionne et ne maltraite pas les individus. Il est conscient que cela ne résoudra pas toutes les difficultés.

Le Directeur général des services nous a fait état de son changement d’opinion : il voulait initialement réduire au maximum le nombre d’entités rattachées directement à lui, mais aujourd’hui il voit la nécessité de cette délégation pour agir en transversalité. Il voit la création de la délégation comme une signal donné à toutes les composantes de l’institution : « l’idée de cohérence et d’autorité n’est pas absente de ce projet » et il s’agira de « faire face aux vieux démons »**.

Lorsque nous avons demandé l’origine des postes qui seraient supprimés pour créer les postes prévus, Pierre Chéret nous a rappelé sa volonté d’objectiver les besoins des postes de chaque entité. Nous avons à nouveau échangé sur les contrats d’objectifs et de moyens portés par la Directrice générale adjointe chargée des ressources.

 

Partagé.e.s entre, d’une part, la satisfaction de voir aboutir notre demande d’une entité autonome pour porter le contrôle de gestion, le partage de la nécessité d’améliorer les relations aux usagers et, d’autre part, les craintes suscitées par les transferts et suppressions de postes nécessaires à la création de la Délégation et un certain scepticisme sur les capacités d’action réelles de cette Délégation, nous avons décidé de nous abstenir.

*Nous développons ici plus que nous avons eu l’occasion de le faire en séance.

** Nous citons les propos tels que nous avons pu les noter en séance, il peut y avoir des erreurs. Nous contacter si c’est le cas.

 

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