Comité technique du 18 juin 2018 : la réorganisation des missions d’informatique des lycées de l’ex-Limousin, ou « nous avons visité la Burger zone »

[Mise à jour le 17 juillet, voir fin de l’article]

En attendant un compte-rendu plus complet de cette séance, un point sur le sujet le plus discuté.

Nous mettons à votre disposition le rapport remis par les représentant.e.s de la Collectivité.

Comme les représentant.e.s de l’UNSA l’ont exprimé en séance, nous avons eu l’impression d’être tombés dans une faille spatio-temporelle : alors que le rapport figurant dans le dossier est, comme vous le voyez, précis, clair et assorti d’une carte détaillée, les explications données en séance visaient à nous faire croire que le projet n’en était qu’à ses prémices. Tel Alain Chabat commençant un nouvel épisode du Burger quizz dans la burger zone alors que le précédent, interminable, suivait son cours, le Directeur de l’Education nous a expliqué que nous étions dans une « démarche itérative » et qu’il était naturel, donc, de ne pas obtenir de réponses claires aux questions que nous avons posées en séance et aux questions que les collègues informaticien.ne.s posent depuis la réunion d’information sur ce sujet le 4 juin.

Le Directeur de l’Education a tout même beaucoup insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas de calquer le modèle aquitain sur les lycées du Limousin, sans pour autant présenter le moindre fait pour appuyer cette affirmation. Il a également insisté sur le fait que les missions ne changeraient pas immédiatement, même si le changement de hiérarchie serait effectif dès la rentrée.

Les représentant.e.s du personnel comme la délégation d’informaticiens dont l’intersyndicale avait organisé la venue, se sont concentré.e.s sur le sens du projet et les conditions de travail.

A aucun moment, en effet, le rapport présenté par la Collectivité ne s’arrête sur le sens de cette réorganisation et donc sur son intérêt pour la qualité du service public. La pétition lancée par les informaticien.ne.s et l’intersyndicale et les commentaires laissés par certain.e.s signataires montrent pourtant une préoccupation : les usagers, enseignant.e.s, documentalistes et élèves en premier lieu, seront les premiers touché.e.s par cette réorganisation. En effet, ils et elles ne pourront plus compter sur l’informaticien.ne basé.e dans le lycée, mais devront, comme en Aquitaine (tiens, tiens) passer par un.e référent.e dans l’établissement qui signalera le problème à l’équipe informatique, qui viendra quand son planning le lui permettra. Si la panne empêche de tenir un cours prévu avec un support informatique, tant pis… Une évaluation du fonctionnement déjà en cours en Aquitaine aurait pu nous permettre d’adhérer à l’objectif, mais nous ne l’avons pas.

Nous avons évidemment aussi longuement échangé sur les conditions de travail de nos collègues, puisque c’est le cœur du rôle du comité technique. Nous avons rappelé l’engagement du Président sur l’absence de toute mobilité géographique forcée. Le Questeur a réaffirmé cet engagement et le DGA Education Jeunesse, comme le directeur et le chef de service, ont affirmé que le projet n’amènerait pas aux aberrations que nous craignons. Florilège : « Il serait stupide de passer un temps dingue sur les routes », « Il tombe sous le sens qu’il ne sera pas demandé aux agents de venir tous les matins ». Comment les croire ? Début juin 2018, des collègues informaticiens aquitains se sont vus annoncer qu’ils seraient désormais, dès la rentrée 2018, rattachés à une équipe mobile et devraient prendre leur service tous les matins et débaucher tous les soirs dans un lycée situé à 65 kilomètres et 45 minutes à 1h20 de leur lycée actuel. Dans cette équipe, ces collègues comme une partie de ceux et celles qui l’ont intégrée avant eux, vont donc passer non seulement 1h30 à 2h30 dans leur voiture personnelle sur leur temps personnel pour se rendre à leur travail depuis leur domicile, mais ils vont perdre ensuite autant de temps pour aller dans les lycées où ils devront intervenir, parmi lesquels leur lycée actuel. Alors oui, officiellement la Collectivité n’oblige pas les collègues des zones les plus rurales à déménager vers le lieu de rattachement qu’elle choisit, mais ses représentant.e.s sont indifférent.e.s au fait que les agent.e.s se retrouvent avec plusieurs heures de voiture chaque jour : c’est un fait aujourd’hui dans les équipes aquitaines, rien n’indique que ce sera différent demain pour Limousin.

En outre, il y a un aspect très ironique : alors qu’on nous a bassiné avec le temps légal de travail pendant toutes les négociations, alors que des jours de congés ont été supprimés, la même Collectivité organise les services d’une manière qui diminuera bien plus considérablement que nos cinq jours de congés si contestés le temps que les collègues passent à exercer leurs missions. La Collectivité a su trouver des arrangements quand les directeurs qui s’étaient engagés en candidatant à résider près de leur site de rattachement ont trahi leurs engagements, mais il n’y a pas cette souplesse pour les collègues des équipes mobiles déjà constituées.

 

Bien sûr, ces trajets, à part, et encore, dans quelques villes, ne pourront être faits à pied ou en transport en commun. Nous avons donc posé la question des véhicules de service. Les représentant.e.s de l’UNSA ont interpelé les représentant.e.s de la Collectivité il y a deux ans à propos des équipes picto-charentaises qui se déplacent avec leurs véhicules personnels. Il nous a été annoncé cette fois que les voitures de service allaient bientôt arriver en Poitou-Charentes. En Aquitaine, le nombre insuffisant de véhicules de service oblige de nombreux collègues à utiliser leur voiture personnelle. Concrètement l’absence de véhicule de service signifie que les agent.e.s non seulement sont dans l’obligation de posséder une voiture mais qu’en plus ils engagent tous les jours des frais considérables qui, comme pour tout le monde, ne sont remboursés que plusieurs mois après. Quelle est la suite ? Peut-être un jour devrons-nous payer pour avoir le privilège de travailler pour la Région Nouvelle-Aquitaine ?

Dans la mesure où, bien que le projet soit présenté comme à peine initié, les collègues du Limousin seront rattaché.e.s à leur nouvelle hiérarchie dès la rentrée 2018, un des collègues de la délégation a demandé un engagement sur le fait qu’il ne leur serait pas demandé d’intervenir dans de nouveaux lycées ou de se rendre à des réunions régulières au futur lieu de rattachement tant qu’il n’y aurait pas de voiture de service. Les représentant.e.s de la Collectivité ont refusé de s’engager.

Comme nous sommes bassement matérialistes, nous avons également demandé des dotations en matériel : une boîte à outils puisqu’aujourd’hui les collègues utilisent ce qui est disponible dans les lycées, un ordinateur et un téléphone avec un forfait de données. En Poitou-Charentes, les collègues disposent bien d’un téléphone, mais sans forfait de données ils ne peuvent consulter leurs mails et les plannings. Là non plus, pas d’engagement.

Seul point positif : le Questeur a ouvert la porte à ce que des informaticien.ne.s qui passeraient le concours de technicien ou obtiendraient une promotion interne puissent être nommé.e.s sur leur poste.

Seul point ayant fait l’objet d’un éclaircissement : les collègues resteront soumis au règlement du temps de travail des lycées mais l’organisation de leur travail sera soumise à l’autorité hiérarchique et non aux autorités fonctionnelles des établissements.

Le point le plus drôle dans la discussion : les représentant.e.s de la Collectivité nous ont expliqué tout au long du débat qu’ils et elles ne pouvaient répondre car ils respectaient les procédures et que la réflexion ne pouvait avancer qu’après le vote du Comité technique. Un peu plus tard dans la journée, nous nous sommes prononcé.e.s sur un plan de formation et des catalogues qui ont été communiqués aux établissements en mars. Nous ne comptons plus les organigrammes passés en Comité technique pour entériner un fonctionnement en cours depuis des mois. Finalement, il n’y a que lorsqu’il s’agit de protéger les agent.e.s et de leur garantir des conditions de travail correctes que la Collectivité respecte la procédure… Parce que oui, évidemment, la Collectivité ne peut pas programmer l’achat de voitures parce que si les représentant.e.s des personnels votent contre en Comité technique et bien…. Et bien comme d’habitude le Président nous enverra un courrier pour dire qu’il ne suit pas notre avis parce que c’est comme ça.

Pour l’UNSA, nous avons donné un avis défavorable car nous avons considéré qu’au vu des conditions de travail des agent.e.s déjà intégré.e.s aux équipes mobiles et du fonctionnement général de la Collectivité, nous ne pouvions accorder aucun crédit aux rares engagements pris, notamment sur la mobilité forcée, et que l’absence d’engagements sur la plupart des sujets qui nous préoccupaient ne pouvait que renforcer nos inquiétudes.

La CFDT, la CGT, FO et la FSU ont également voté contre. La FA-FPT s’est abstenue.

Après le débat, pendant que nous votions dans la salle, les collègues et les représentant.e.s du Pôle Education Jeunesse se sont retrouvé.e.s à l’extérieur dans une ambiance assez déplaisante. L’un des collègues a notamment été pris à partie par le chef de service qui, considérant certainement son projet comme parfait, a décrété que notre collègue était forcément la seule origine des contestations. Le directeur a, quant à lui, quitté la « burger zone » pour un registre plus proche de ce qui s’entend dans les cours de maternelle : puisque nous n’étions pas content.e.s, le projet n’allait peut-être pas se faire. Nous risquons de pas être invité.e.s à son anniversaire…

 
Nous avons reçu le courrier du Président nous informant qu’il ne souhaitait pas tenir compte de notre avis défavorable, extrêmement argumenté comme d’habitude, ainsi que le procès verbal intégral de la séance, qui doit être présenté au vote au prochain Comité technique pour être tout à fait établi.

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