Nous avons toujours un peu l’impression de nous répéter, mais c’est sans doute que nous ne voyons toujours aucun progrès à l’horizon…
Il y a bien sûr le fond : sur le temps de travail, sur les effectifs, comme sur les salaires, la santé au travail et tout le reste, nous exprimons nos désaccords. Mais il y a aussi la forme. Cela pourrait être anecdotique, mais comme Victor Hugo l’écrivait : « La forme, c’est le fond qui remonte à la surface ». En l’occurrence, l’accumulation de faits, qui paraîtraient mineurs pris isolément, nous conduit à prendre acte du mépris que les représentant.e.s de la Collectivité manifestent vis-à-vis du dialogue social et des représentant.e.s du personnel.
Bien sûr, quand nous parlons des représentant.e.s de la Collectivité, nous ne parlons pas de nos collègues de la Direction des ressources humaines, en sous-effectif chronique, connu et entretenu par l’exécutif régional.
Il y a tout d’abord les changements de calendrier. Depuis 2 ans environ, nous disposons en théorie d’un calendrier pour le semestre, comprenant les dates et lieux des réunions des instances paritaires et des groupes de travail. Ce calendrier est complété au fur et à mesure pour suivre l’émergence ou l’avancée des différentes thématiques. Depuis quelques mois, les changements sont d’une autre ampleur : les instances sont reculées de quelques jours, les groupes de travail sont reportés ou annulés, les lieux changent.
Sommes-nous censés renoncer à toute vie professionnelle et personnelle en s’engageant dans un syndicat ? Comment concilier ces changements avec les engagements professionnels ? Avec les contraintes familiales ? Et mêmes avec les autres activités syndicales ?
Dernier exemple en date, le comité technique du 17 octobre devait se tenir à 10h30 à Bordeaux (calendrier du 20 juillet). Les membres du Comité technique pouvaient donc prévoir des rendez-vous professionnels à Bordeaux le matin jusqu’à 10h. Les collègues les plus éloignés pouvaient essayer de regrouper leurs réunions à Bordeaux sur la veille ou le lendemain pour optimiser leur déplacement. Finalement, le 24 septembre le Comité technique est annoncé à Limoges à 10h30. Le 2 octobre, la convocation arrive : le Comité technique aura lieu à Limoges à 13h30. Nos interrogations sur l’heure prévue qui semble incohérente avec la durée prévisible des débats au vu de l’ordre du jour restent sans réponse… Jusqu’à que nous recevions la convocation pour le Comité de dialogue social le même jour à 10h30. Celui-ci était prévu le 5 novembre, mais pourquoi consacrer deux journées au dialogue social quand on peut resserrer sur une seule journée et compter sur la fatigue et la perspective des heures de route pour accélérer l’examen d’une partie des dossiers ? Aujourd’hui, les représentant.e.s du personnel ne peuvent que constater que le dialogue social est la cinquième roue du carrosse des agendas de ceux et celles qui le conduisent. Et nous ? Et bien nous, nous nous excusons platement auprès des collègues que nous mettons en difficulté par nos revirements incessants d’agenda, nous changeons les inscriptions de nos enfants au centre aéré, nous déprogrammons les réunions d’informations prévues pour les collègues et nous nous arrangeons pour être là tout de même, pour porter la voix de nos collègues dans ces instances et réunions.
Cet épisode était le plus digne de Dallas, mais d’autres qui sont moins mouvementés mais tout aussi parlants. Le lundi 11 juin nous devions avoir une réunion du groupe de travail « Baromètre social ». Le 7 juin, nous apprenons le report de cette réunion. Le 20 juillet, effectivement, la réunion est programmée au 14 septembre. Mais, las, le 10 septembre, nous recevons un mail nous annonçant une nouvelle annulation de ce groupe. Le groupe cousin sur les risques psycho-sociaux et la qualité de vie au travail, annoncé pour le 12 octobre, est lui aussi annulé. Coïncidence ? Nous ne le pensons pas. Pendant ce temps le groupe de travail sur les dotations continue…
Toujours sur la forme, parce que nous n’avions pas beaucoup d’illusions sur le fond, avec le groupe de travail sur les dotations, qui lui, bizarrement ne fait l’objet d’aucune annulation, la Collectivité expérimente un autre type de mépris : le théâtre. C’est-à-dire ? C’est-à-dire que nous nous sommes réuni.e.s le 3 juillet à Angoulême pour évoquer la mise à jour de l’outil de dotation, qui a vocation à permettre de calculer les effectifs à affecter dans les lycées. Pour préparer cette réunion, fait exceptionnel, nous recevons le document de travail avant la réunion. Il est relativement vague et peut passer pour une base de discussion ouverte. Ce qu’il contient est tout de même largement calqué sur l’existant en Aquitaine et commence à inquiéter, à juste titre, les collègues des autres territoires. Nous bataillons, nous argumentons, comme nous l’avons déjà raconté dans notre compte-rendu. Le 5 octobre, deuxième séance sur le même thème : le document de travail a été précisé. Oh, surprise, il ressemble drôlement à celui qui a été présenté dans le plus grand secret aux proviseur.e.s et gestionnaires le 25 mai, plus d’un mois avant notre première réunion. Finalement, quand les réunions ne sont pas reportées, elles sont fictives : la présentation de la première réunion omet des éléments qui sont intégrés « grâce à la négociation » dans la deuxième, mais qui étaient déjà prévus avant le début de la discussion. Pour démontrer cela, nous mettons à disposition la présentation annotée du 5 octobre.
Alors que faire ? Les représentant.e.s de l’UNSA sont déterminé.e.s à continuer à débusquer ces impostures mais aussi et surtout à se battre pour obtenir des progrès réels pour les conditions de travail de l’ensemble des collègues, quelle que soit leur catégorie, leur lieu de travail, leurs fonctions… Pour y arriver nous avons évidemment l’argumentation, mais nous avons aussi besoin, collectivement, d’être soutenu.e.s par celles et ceux que nous représentons. Les élections auront lieu dans 2 mois, vous aurez probablement un choix large avec 6 listes, il y a forcément un projet qui mérite votre soutien. Nous espérons que vous ferez le choix de l’UNSA mais surtout que vous voterez pour démontrer au Président que nos revendications, à l’UNSA comme dans les autres organisations syndicales, ne sont pas des lubies syndicales déconnectées du terrain mais bien le résultat de nos échanges quotidien.
Un commentaire sur “Le dialogue social à la Région : la grande arnaque !”